Dès le premier frisson qui carmine l’aurore
Alors que dans le ciel quelque nuage mousse
Je vois parfois surgir d’une ravine rousse
Le regard assombri del Cid Campeador
Captive, je descends cueillir dans la vallée
Le jasmin qui déjà entête les feuillages
Si je tendais le bras j’effleurerais Carthage
O Grenade je meurs sous le dard de l'été
Quel ardent balsamier embaumera ma source
Quel amant pleurera au pied de l’amandier
Où vont les gynécées de la chaste cité
Quand s'enfuient du sérail les grives andalouses ?
L’alfange du soleil poinçonne l’horizon
La terre s’incline alors gominant les alpages
Soudain du fond des âges résonne l’olifant
L’algazelle s'en va loin des coursiers sauvages
Dès le premier frisson qui tisonne le soir
Tandis que dans le ciel quelque mirage passe
Je vois se profiler un étrange rapace
Attisant le néant de son vif étendard
Sylvie Méheut